Histoire des comics

Evolution historique, graphique et scénaristique des comics américains à travers le temps

La bande-dessinée américaine, nommée Comics ou Comic Book, est l’un des principaux fers de lance de l’art populaire. Objet de consommation, il n’en demeure pas moins que le comics a réussi au fil des ans à gagner en lettre de noblesse et à créer une mythologie et des codes qui lui sont propres.

Afin d’analyser au mieux cette évolution à travers le temps, nous allons déjà comprendre ce qu’est le comics et dans quel état d’esprit artistique il s’inscrit.

Définition du Comics

C'est quoi un comics ?!?

Carnage : Black, White & Blood #001 [03/2021]

 

Si le terme comics désigne la bande dessinée américaine dans sa globalité, l’on devrait trouver de nombreuses similitudes entre la bande dessinée franco-belge et japonaise. Pourtant, il est assez simple, même pour le plus grand des néophytes, de différencier visuellement Tintin, Son Goku et Spider-Man. Quelles sont les raisons objectives qui séparent ces différents univers ?

Pour commencer, il convient de ne pas émettre de généralités. Chaque pays possède une tradition culturelle propre qui le pousse à orienter ses œuvres autour d’une identité et des valeurs communes. C’est ainsi que l’on retrouve dans la bande dessinée américaine, asiatique et européenne des codes littéraires bien établis qui nous permettent d’identifier rapidement le type de récit que l’on lit. Ces éléments narratifs sont également soutenus par une esthétique particulière caractéristique.

Par exemple, le manga japonais pour adolescents (shōnen), véhicule souvent des valeurs d’amitié, de courage, d’abnégation et de persévérance. Eléments qui sont totalement inexistants dans le seinen, manga pour adultes où l’ambiance est plus morose, violente et oppressante. Au-delà de l’aspect narratif, l’on comprend assez vite en voyant les illustrations qu’un seinen ne doit pas être placé entre toutes les mains. Pareillement, il suffit de lire un Gaston et de le comparer aux récits de son époque pour se rendre compte à quel point l’influence de Franquin, son auteur, a figé l’esthétique de la bande dessinée franco-belge durant de nombreuses années.

Bien sûr, le monde n’est pas binaire et tout ce mélange n’est pas parfaitement homogène. Ces codes sont amenés à changer en fonction de l’évolution culturelle et morale de notre civilisation. Et ce n’est pas forcément un mal ! Transgresser ces lois tacites, c’est secouer le spectateur et l’obliger à remettre en question la façon dont il consomme la bande dessinée. Ces changements sont souvent innovants, brutaux et amènent à repenser la manière dont l’on écrit une histoire.

Comme nous allons le voir, l’évolution du comics et de ses codes ne s’est pas déroulé sans mal. Ce média a même failli par plusieurs fois disparaître dans l’oubli. Mais avant d’en parler, il convient d’abord de distinguer les deux plus grands types de comics américains : les cartoons et les comics de super-héros.

Le comics de cartoon

Mickey, les Looney Tunes ou encore les personnages de Cartoon Network ont tous un point commun. Il s’agit de personnages issus de dessins animés et prévus pour cette destination. Le cartoon se veut caricatural, illogique par rapport à notre réalité et surtout drôle. Les personnages se déforment, subissent ou réalisent des exactions sans que cela n’ait d’incidence dramatique.

Ainsi, le cartoon est plus proche de son aîné le comic strip (« bande comique »). La volonté première est de divertir et de faire rire. Les blagues doivent être fréquentes, soutenues et drôles. Le format est souvent court et centré sur un sujet simple. Coyote doit attraper Bib Bip, Tom manger Jerry, etc. Même les séries les plus récentes ont des scénarios relativement peu évolués. Bien qu’intéressants, nous n’aborderons pas le comics de cartoon ici.

Le comics de super-héros

Si les noms de Superman, Spider-Man ou Batman résonnent en chacun de nous, c’est parce que les super-héros ont su s’installer durablement dans nos foyers que ce soit par l’intermédiaire de la télévision, du cinéma ou l’industrie du loisir.
Apparus dans les années 1930 et utilisés comme outils de propagande durant la guerre, ces héros représentaient l’idéal grec, le Kalos kagathos. Des hommes et femmes sains d’esprit aux corps athlétiques tels les héros des récits mythologiques anciens.

Si cet idéal de vertu est encore présent dans les histoires d’aujourd’hui, il a de nombreuses fois évolué au fil du temps. C’est exactement ce que nous allons voir maintenant…

Si vous désirez approfondir votre réflexion sur ce sujet, je ne peux que vous conseiller la pertinente analyse présente sur ComicTalk

Histoire des comics

1938 - 1954

L'Âge d'or

Il succède à l’âge de platine de la bande dessinée américaine où l’arrivée des comic strips (dessins humoristiques en quelques cases) avait révolutionné le monde de la presse. En 1934, un nouveau format fait son apparition : le comic book. Cet album relié contenait au départ plusieurs comic strips déjà parus dans les journaux. Face à l’engouement de plus en plus grand, le besoin de créer de nouvelles histoires se fait rapidement sentir. C’est la sortie en 1938 d’une histoire de Superman noyée dans un de ces recueils (Action Comics) qui a été le tournant majeur et le point d’entrée dans l’âge d’or du comics. Le genre du super-héros n’étant alors pas le genre principal car tous les styles se mélangeaient dans ces livres que ce soit l’horreur, le western, l’humour, la science-fiction, etc. Face au succès du personnage de Superman, de nombreux éditeurs copient DC Comics et créent leurs propres super-héros. Namor et la Torche humaine sont deux créations Timely Comics (futur Marvel) qui vont même jusqu’à s’affronter dans une histoire publiée en 1940. C’est la première fois que se rencontrent dans le même univers plusieurs personnages. Quelques mois plus tard sur cette même base est créé la Justice Society of America (All-American Publications, racheté ensuite par DC) où différents héros tels que Green Lantern et Flash s’unissaient contre un ennemi commun. Le succès est fulgurant. Les progrès ne s’arrêtent pas là, on voit l’apparition aussi d’apprentis héros, généralement adolescents, qui assistent le personnage principal. On les appelle Side-kick. Batman est le premier à accueillir Robin (DC comics) mais la mode n’épargnera pas non plus d’autres personnages comme Captain America avec Bucky (Timely Comics) ou Green Arrow avec Speedy (DC Comics).

C’est l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1941 qui propulse les super-héros au rang de fierté nationale, sentiment exacerbé par le patriotisme ambiant. Le comics est alors utilisé pendant plus de dix ans comme un outil de propagande. Captain America affrontera d’abord Hitler et l’armée japonaise et plus tardivement l’Union soviétique. Toutefois, et contrairement à ce qu’on pourrait croire, le marché du super-héros n’est pas le principal moteur de l’industrie du comics en ce temps-là. C’est Dell Comics avec la publication des aventures de Mickey Mouse et Bugs Bunny dans un style purement cartoon qui rafle un tiers des ventes. Dc Comics et Timely Comics produisent, eux aussi, des histoires cartoon.

Après la Seconde Guerre Mondiale, l’absence d’ennemis identifiables (les nazis ou les japonais) rendent le genre difficile à maintenir en vie. Il y a bien sûr la menace soviétique mais la guerre froide invisibilise l’ennemi, ce qui ne provoque pas le même engouement. Cette période trouble de remise en question est appelée l’ère atomique. Durant celle-ci, le comics d’horreur, de romance ou policier s’en sortent beaucoup mieux. Néanmoins, les mouvements religieux et les associations de parents sont de plus en plus inquiets par l’influence que peut avoir sur les jeunes les images violentes et sexualisées des comics. La sortie d’un livre du psychiatre Frederic Wertham qui accuse le comics de rendre les jeunes plus violents met le feu au poudre. Après plusieurs manifestations pour les interdire, un sous-comité sénatorial chargé d’enquêter sur cette affaire pousse les éditeurs de comics à prendre les devants en créant le Comics Code Authority, organisme créé pour contrôler les comics avant leurs publications. C’est la fin de l’âge d’or.

Style graphique

Les dessinateurs de ces récits sont généralement payés à la page et ne possèdent aucune reconnaissance autre que pécuniaire. La licence ou les personnages qu'ils créent appartiennent à la maison d'édition. Il n'est donc pas rare de voir des artistes importants de cette époque réaliser autre chose que des comics de super-héros.

Influencé par son support d'origine, le découpage des bandes dessinées américaines suit celle des comic strips, avec une histoire simple à suivre constituée d'une grille composées de plusieurs cases rectangulaires. Les bulles appelées phylactères, contiennent de longs textes qui décrivent généralement les actions dessinées.

Le style graphique employé est semi-réaliste. Les couleurs sont vives et les ombres généralement très marquées. L'esthétique mythologique greco-romaine a sans nul doute fortement influencé les auteurs de l'époque que ce soit dans les thématiques héroïques que graphiques.

Caractéristiques

Insouciant, le super-héros de l'âge d'or est altruiste, bienveillant et bon. Il possède des pouvoirs surhumains qui lui permettent de vaincre ses ennemis. Sa musculature est généralement imposante et son esprit vif. Le super-vilain est égoïste, avide et prétentieux. Il veut soit asseoir sa domination du monde soit viser son enrichissement personnel. Le héros n'a d'ailleurs aucune difficulté à le vaincre car le mal ne triomphe jamais.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, le héros est patriote et vaillant. Il se bat pour une cause noble et juste mais surtout pour l'amour de sa nation. Il peut être accompagné d'un fidèle acolyte, généralement jeune adolescent, qui vient l'aider dans sa tâche. Précurseur, le comics de l'âge d'or introduit aussi la femme en tant qu'héroïne avec WonderWoman (All-American Publications) en 1940.

Les récits sont généralement courts et ne dépassent pas le format du magazine. Les enjeux, vite résolus également, sont rarement intenses et palpitants. L'archétype du héros surpuissant et sans reproche est né.

1954 - 1971

L'Âge d'argent

Après l’âge d’or et la création du Comics Code Authority, les tensions s’apaisent un peu entre les associations de parents et les éditeurs de comics. Le sceau du CCA apparaît sur la jaquette de chaque comics approuvé par l’organisme. Cela a pour conséquence de brider la créativité des œuvres publiées. En effet, afin d’être accepté, le comics doit absolument respecter les règles suivantes :

  • Toute représentation violente exagérée ou sexuelle est interdite.
  • L’emploi de mots violents comme « crime » ou « horreur » est impossible.
  • Les figures d’autorité doivent être traitées avec respect.
  • Le bien doit toujours triompher du mal.
  • Les monstres, même issus de la littérature traditionnelle, sont interdits (vampire, loup-garous, momies, zombies, etc.).
  • Pas de publicité pour les armes, tabac, alcool ou représentation de pin-ups.
  • Toute moquerie ou attaque à l’égard de groupes ethniques et religieux est interdit.

L’âge d’argent des comics est donc défini par cette période trouble de censure. S’il existe bien des comics underground qui se passent de ce fameux sceau, la plupart des éditeurs respectent ce code afin d’être distribué convenablement. Les comics d’horreur, de crimes et policiers en vogue dans l’âge d’or disparaissent progressivement faute de distributeurs pour les publier. Le comics de cartoon semble le seul grand gagnant de cette période, s’adressant déjà à un public plus jeune et sans violence. Face à cela, les éditeurs cherchent à se renouveler. C’est la publication en 1956 d’un nouveau Flash, basé sur l’ancien, qui crée un engouement sans précédent pour le comics de super-héros. Suite à cette publication, le genre redevient alors très populaire ! C’est ce qui sonne le début de l’âge d’argent. Face à ce succès, DC Comics ressort des versions actualisées de plusieurs de ses héros tels que Green Lantern, Wonder Woman, etc.

Plus tard, en 1961,  le nouveau Flash sera amené à rencontré l’ancien dans un autre espace-temps. Le concept fourre-tout de multivers est né. Les anciens héros de l’âge d’or appartiennent à la Terre I là où les nouveaux proviennent de la Terre II. Cette astuce scénaristique est toujours employée de nos jours pour expliquer les éventuelles incohérences entre les différents récits. Le concept du Saint-Luc Papertoys Universe, emprunté au Cinematic Universe (Univers des films), se base sur ce vieux principe.

L’arrivée du scénariste Stan Lee chez Timely Comics, rebaptisé désormais en Marvel, va également bouleverser certains codes établis. Avant lui, le super-héros ne possèdait presque aucun défaut. C’était un personnage lisse, idéalisé, un véritable surhomme tant du point de vue physique que moral. Stan Lee modifie ce code dans les années 1960 en rendant ses personnages plus humains, imparfaits. Le héros n’est plus intouchable et s’ancre dans la réalité. Il peut connaître des soucis financiers, de santé voire même amoureux. Pire, il est parfois de mauvaise foi, de mauvaise humeur ou s’oriente vers de mauvaises voies. Il peut se tromper ! Tony Stark (Iron Man), créé en 1963, est par exemple un homme vaniteux. On ne s’intéresse plus uniquement à l’acte héroïque du super-héros mais également à sa vie personnelle et à ce qui le pousse à sauver les autres. De même, l’histoire n’est plus déconnectée du monde qui l’entoure. Les personnages évoluent dans une société qui possède ses propres lois et qui interagit directement avec les héros. Les actions des personnages sont jugés à travers différents prismes moraux et il n’est pas rare de voir le héros se questionner sur la moralité (bien ou mal) de ses actions.

Après la sortie de Daredevil en 1964 et à la suite de toutes ces révolutions, Marvel devient la première maison d’édition de comics de super-héros devant DC Comics.

Style graphique

Stan Lee, de part son caractère roublard, n'a pas hésité à mettre en avant son travail et celui de ses confrères. Mais c'est le mouvement artistique Pop Art et les œuvres de Roy Lichtenstein qui vont donner un coup de pouce à ce média. En effet, les auteurs jadis payés à la page deviennent alors de vraies personnalités importantes reconnues pour leur qualité narrative ou artistique. Néanmoins, ils ne perçoivent toujours aucun droit d'auteur pour leur travail. En matière de scénario, nous retiendrons John Broome, Gardner Fox, Stan Lee et Robert Kanigher et pour le dessin John Buscema, Steve Ditko, Carmine Infantino, Gil Kane, Jack Kirby, John Romita Sr, Jim Steranko et Curt Swan. Ces personnes ont tous été les précurseurs du comics moderne.

Enfin reconnus au moins d'un point de vue symbolique, ces pionniers peuvent perfectionner leurs techniques de dessin. Un soin tout particulier est accordé aux jaquettes afin de maximiser les ventes de comics. L'influence du surréalisme et des arts passés est typique de cette époque. Si le style graphique semi-réaliste est toujours la norme, il se professionnalise. Le dessin est plus expressif, détaillé et symbolique. L'action devient progressivement plus découpée et recherchée. On voit, par exemple, de plus en plus de plongées et de contre-plongées afin d'appuyer le propos et la tension dramatique du récit.

Caractéristiques

Durant l'âge d'or, l'origine des pouvoirs des super-héros était surtout liée à la découverte de l'atome et de ses rayons radioactifs. Avec l'âge d'argent, l'atome n'est plus au centre des récits et l'on préfère parler du génome et surtout de la science. La plupart des récits parlent d'expériences scientifiques ratées ou de manipulations génétiques accidentelles.

D'un point de vue narratif, le comics connait une évolution progressive. Avec la mise en place du Comics Code Authority mais aussi la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les comics peinent à raconter des histoires palpitantes au début. L'univers présenté est souvent kitsch avec des enjeux ridicules ou des transformations improbables. Alors qu'au départ l'ennemi à abattre est souvent communiste, on se dirige dans les années 1960 vers des ennemis apolitiques et moins caricaturaux. Le héros n'est plus une figure d'exemple mais un être humain, fragile et en proie au doute. La création de Spider-Man en 1962 en est le parfait exemple. Etudiant brillant mais asocial et harcelé, Peter Parker est loin de Superman, l'archétype modèle de l'âge d'or.

Dans un contexte social compliqué en Amérique après les actions militantes de Martin Luther King et du peuple afro-américain, Marvel fait figure de progressiste en la matière en créant le premier super-héros noir, Black Panther, en 1966. En plus de ce phénomène important, de nombreux acolytes sont créés pour accompagner les différents héros. On retrouve ainsi la compagne de Batman nommée Batgirl, son Batchien, etc.

1971 - 1986

L'Âge de bronze

Vers la fin de l’âge d’argent, les auteurs de comics décident de jouer avec les limites offertes par le Comics Code Authority en transgressant ces règles. Ils abordent de plus en plus des sujets censurés tel que le racisme, la politique, le bestiaire monstrueux voire la drogue.

Le Bronze Age (1973 – 1991) : maturité et mercantilisme

L’âge de bronze des Comics, « Quand la réalité rattrape la fiction, avec ses lots de désolation » C’est comme cela que s’est illustré le nouvel âge des Comics, en 1973. L’élément déclencheur ? Le décès de Gwen Stacy, la fiancée de Peter Parker, notre cher Spider-Man. Cette triste disparition est alors suivie par de nombreuses autres : Robin le fidèle apprenti de Batman, Elektra l’incroyable compagne de Daredevil, Jean Grey la célèbre X-Men… toutes ces disparitions ont pour effet de rendre l’univers Comics bien plus réel. En parallèle, elles le font mûrir : maintenant, les Comics s’adressent aussi aux adultes. Les histoires deviennent plus riches, plus recherchées. Le Bronze Age sera aussi une période faste pour un titre qui peinait durant le Silver Age : Uncanny X-Men. Sous la houlette de Chris Claremont et John Byrne les mutants atteindront les sommets en termes de popularité avec une nouvelle équipe très internationale incluant le Canadien Wolverine.

Le duo offre ses lettres de noblesse à la série en multipliant les histoires qui deviennent des références comme la Saga du Phoenix Noir. Le même John Byrne sera l’artisan du reboot de Superman quelques années plus tard avec The Man Of Steel. L’âge de bronze est également marqué par l’arrivée des crossovers : L’époque voit aussi l’apparition d’un phénomène qui est à la fois l’un des plus grands attraits et des pires repoussoirs du monde des comics : le méga crossover. Il était déjà arrivé que des personnages de séries différentes (voir d’univers différents) se croisent dans les pages d’un même titre. Mais avec Secret Wars #1 en 1984, Marvel passe au niveau supérieur en créant une minisérie impliquant tous ses personnages. Le succès commercial est au rendez vous et en mars 1985 DC lance sa réponse : Crisis On Infinite Earths (qui aura en plus pour objectif de remettre de l’ordre dans la continuité de l’univers). Les crossovers deviendront une habitude et seront annoncés avec force battage médiatique à chaque fois, tendance qui perdure encore aujourd’hui.

Le saviez-vous ? Un crossover est un Comics dans lequel plusieurs personnes de séries différentes se croisent. Le succès de ces mini-séries est tel que Marvel et DC Comics créent tout deux leurs crossovers. Aujourd’hui ils perdurent, notamment au cinéma, et connaissent de gros succès, à l’image de «Batman V/S Superman ».

Style graphique

Le comic strip quotidien publié dans les journaux et le comic book paraissant régulièrement sont, jusque dans les années 1970, les formats classiques de la bande dessinée américaine. D'ailleurs les relations entre ces deux modes de publication sont toujours fortes. Ainsi, des personnages de comic books ont droit à des séries en strip comme Spider-Man scénarisé par Stan Lee et dessiné
par John Romita à partir du 3 janvier 1977 Jusque dans les années 1970, la question du droit d'auteur n'existe pas. Les auteurs de comics sont payés à la page et l'éditeur garde tous les droits sur les personnages, les histoires publiées et les planches. Les créateurs sont rarement crédités et le nom des scénaristes et des dessinateurs n'apparaissent pas. Par ailleurs, certaines séries sont signées du nom de leur créateur mais sont réalisées par d'autres. Ce système de ghost artist est courant dans les comic strips. La série est alors plus importante que l'artiste. Peu à peu les artistes sont nommés dans les
comics, surtout lorsque leur style est reconnaissable et peut attirer une partie du lectorat.

Les années 1970 voient la quasi-disparition de genres qui existaient depuis des décennies. Les romance comics, déjà réduits à la portion congrue après 1950, disparaissent tout à fait et les westerns et les comics de guerre se raréfient. En revanche, d'autres genres apparaissent sur les stands à leurs places comme l'heroic fantasy, l'horreur ou le kung fu.

Caractéristiques

Les comics avaient déjà commencé à perdre de leur innocence au Silver Age en se penchant sur les maux de la société. Mais c’est durant le Bronze Age qu’ils lui diront définitivement adieu. On peut symboliquement faire démarrer cette époque en Mars 1973 avec la mort de Gwen Stacy, la petite amie de Spider-Man, dans les pages d’Amazing Spider-Man #121. Ce fut la première mort réellement marquante d’un personnage important d’une série (par opposition à des morts qui sont des ficelles scénaristiques comme celles des parents de Batman ou de l’oncle de Spider-Man, des personnages qu’on a vu uniquement dans le numéro où ils disparaissent). L’histoire déchaîne les passions chez les lecteurs. Bien d’autres morts suivront : Jean Grey dans Uncanny X-Men, Elektra dans Daredevil, Robin dans Batman… Plus que des astuces commerciales, ces histoires sont le symbole de l’entrée des comics dans l’âge adulte. Ils n’hésitent plus à être sérieux, voire tragiques. Cette nouvelle maturité permettra l’apparition d’histoires plus fouillées, plus riches, dont bon nombre deviendront des classiques incontournables tels que Watchmen par Alan Moore, ou The Dark Knight Returns et Daredevil Born Again par Frank Miller.

1986 - 2000

L'Âge sombre

Cette dernière période est la moins bien définie. Il n’existe en effet pas de réel consensus quant à son début, ni même quant à son nom. La seule certitude est qu’on a quitté le Bronze Age. Symboliquement, Comicsblog a donc décidé de fixer le début du Modern Age à la naissance d’Image Comics, en raison de son impact sur l’industrie des Comics. En 1992, sept artistes superstars décident de claquer la porte de Marvel pour fonder leur propre maison d’édition. Les meneurs de cette fronde sont Rob Liefeld, Todd McFarlane, Jim Lee et Marc Silvestri. La raison de leurs départs : ils en ont assez de voir Marvel gagner des millions grâce à leur travail et de ne toucher que des miettes. Alors ils lancent Image Comics pour y créer leurs personnages creator-owned, c’est-à-dire dont les droits appartiendront en intégralité à leurs créateurs. Ils rencontreront un succès incroyable, dépassant leurs attentes les plus folles. La raison pour laquelle la création d’Image a été un évènement si marquant dépasse son succès commercial. L’éditeur a en effet incarné à la perfection toutes les tendances de l’industrie des comics dans le Modern Age. D’abord dans les années 90, où les artistes sont les rois. Ce sont leurs noms qui font vendre. Les scénarios sont par contre souvent des histoires simplettes de super-héros débordant de testostérone, d’antihéros torturés et violents ou de bad girls hyper sexy.

C’est l’héritage du Bronze Age perverti. L’autre tendance majeure de la décennie, c’est la collection. Le marché des comics connaît un boom et le comic devient un objet précieux. Les variant covers se multiplient à outrance et s’échangent pour des sommes folles (jusqu’à des centaines de dollars). Du côté des deux gros éditeur, Marvel et DC, on surfe sur la vague mais comme en réaction à la prise de pouvoir des créateurs chez Image, les éditeurs encadrent de plus en plus fermement les auteurs. Cependant cette période où l’argent coule à flots ne dure pas. Un effondrement aussi dramatique que soudain du lectorat entraîne une crise pour l’industrie qui se retrouve saturée. Les ventes s’effondrent..

La période classique ou Age sombre (Dark Age) ou période post-Crisis est la période des aventures des personnages de DC Comics qui débute à la suite de la mini série Crisis on Infinite Earths. Elle dure 26 années éditoriales. Elle débute en 1985 et se termine en 2011 avec Flashpoint. Elle fait suit à l’Age d’or, l’Age d’Argent, l’Age de Bronze et précède la Renaissance de l’univers DC.

Le début de l’âge moderne des comics a souvent été considéré comme la période qui a vu passer les comics à l’« âge adulte » puisque les techniques narratives devenaient plus complexes, comme le montre la série Watchmen et que les personnages apparaissaient plus sombres. Cependant, comme l’explique Shirrel Rhoades, en reprenant une étude universitaire, cela ne concerne finalement que les comics de super-héros. Le succès de Watchmen et Batman: Dark Knight pousse les éditeurs à créer des personnages ou à transformer ceux existants en développant leur psychologie et en les faisant plus sombres. À cette période sont souvent adjoints les adjectifs grim and gritty. Chez Marvel Comics, l’équivalent se trouve dans les personnages de Wolverine et du Punisher deux personnages à succès dont la morale est discutable.

Les comic strips comme les comic books connaissent une chute de leur lectorat. La cause première tient cependant à la crise de la presse écrite. En 1920, 2398 quotidiens étaient distribués dans tout le pays et en 2009 il n’y en avait plus que 1422 alors que la population avait triplée. De plus, la place qui leur est accordée se réduit et de moins en moins de journaux en publient. Une conséquence de cette crise est la disparition des strips d’aventure qui ont besoin de plus d’espace pour se développer. Ils sont quasiment tous remplacés par les strips humoristiques qui parviennent avec un dessin de plus en plus simple dans moins en moins d’espace à toucher immédiatement le lecteur.

Style graphique

La nuit était un cadre prédominant dans pratiquement toutes les histoires de cet âge ; conduisant à des jeux de lumières, éclairages et clair-obscur.

Les artistes sont inspirés par des films sombres et lourds des années 40 & 50, créant des mondes obscurs, douteux, composés de fumées, de pluie, de ruelles et autres silhouettes menaçantes.

Les bandes dessinées d'horreur de l'âge d'argent ont influencé l'âge sombre dans un sens plus psychologique, avec des portraits troublants et des angles artificiels qui ont créé un sentiment perpétuel de malaise.

Caractéristiques

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2000 - …

L'Âge moderne

Mais durant les années 2000, les comics sortent la tête de l’eau en se renouvelant. L’accent est de nouveau mis sur les scénarios et plus seulement sur les dessins. Une nouvelle génération d’auteurs émerge (Brian Michael Bendis, Ed Brubaker, Mark Millar…) et de véritables passionnés prennent les rennes de Marvel et DC (respectivement Joe Quesada et Dan Didio). On laisse les mains plus libres aux créateurs et l’archaïque Comic Code est enfin abandonné. Les comics envahissent aussi la culture « grand public » par le biais du cinéma, avec une pléthore d’adaptations à succès. Ainsi une nouvelle ère de créativité et de popularité naît des cendres des années 90, et dure encore aujourd’hui. Jusqu’au prochain âge…

Style graphique

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Caractéristiques

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Relation entre les Arts et les Comics

" Si Shakespeare et Michel-Ange étaient vivants aujourd'hui, et s'ils décidaient de collaborer sur une bande dessinée, Shakespeare écrirait le scénario et Michel-Ange le dessinerait. Comment quelqu'un pourrait-il dire que ce ne serait pas une forme d'art aussi valable que n'importe quoi sur terre? "

— Stan Lee, Scénariste et créateur de nombreux personnages dont Spider-Man et les X-Men

" Si Shakespeare et Michel-Ange étaient vivants aujourd'hui, et s'ils décidaient de collaborer sur une bande dessinée, Shakespeare écrirait le scénario et Michel-Ange le dessinerait. Comment quelqu'un pourrait-il dire que ce ne serait pas une forme d'art aussi valable que n'importe quoi sur terre? "

— Stan Lee, Scénariste et créateur de nombreux personnages dont Spider-Man et les X-Men

Bien qu’il serait tentant de croire Stan Lee au vu de son parcours et de son apport indéniable à la bande dessinée et la culture américaine, il convient malgré tout de relativiser ses propos.

Si de nombreux illustrateurs, scénaristes se distinguent effectivement dans ces œuvres, la volonté profonde n’en reste pas moins commerciale, mercantile. Il n’est pas question de rechercher l’œuvre parfaite ou d’orienter sa réflexion vers une démarche artistique profonde… Le comics est un art populaire lié au monde du divertissement. Le lecteur rentre dans une logique de consommation immédiate et superficielle. Le format périodique en est d’ailleurs l’exemple parfait ! L’idée principale étant plutôt d’offrir au public assez de spectacle pour le tenir en haleine jusqu’au prochain épisode.

Le mode de production industriel du comics (avec de nombreux auteurs sur la même série) apporte également son lot d’incohérences et il n’est pas rare de voir des séries recommencées à zéro afin de se sortir d’impasses scénaristiques. Le rythme de parution effréné ne permet pas non plus toujours un travail de qualité. Faut-il le rappeler, Michel-Ange a sacrifié quatre ans de sa vie pour réaliser La chapelle Sixtine.

Ainsi, dire du comics qu’il est équivalent à un Art classique ou noble est bel et bien un raccourci malheureux et un sophisme. Pour autant, est-ce réellement un mal ? En tant qu’infographistes, nous nous inscrivons dans une démarche similaire à celle de Stan Lee et des comics. Nous suivons les tendances graphiques actuelles, nous tentons de produire du beau grâce à notre savoir-faire artisanal et commercial. Nous ne sommes pas garants de l’Art mais des arts.
Et de cette différence naît une vraie richesse.

Quelques exemples de référence de l'Art classique envers l'art populaire

L'Art, par essence élitiste et cultivé, était hermétique aux arts populaires, considérés comme grossiers et vulgaires. En réaction à cela est apparu le mouvement culturel des années 1960, le Pop Art. Celui-ci a volontairement décidé de reprendre les codes graphiques populaires et les techniques industrielles de production afin de désacraliser l'Art. Si aujourd'hui l'art populaire de la Bande Dessinée est relativement bien considéré, c'est aussi et surtout grâce à ces pionniers.

Quelques exemples de référence de l'art populaire envers l'Art classique

L'Art s'est emparé de l'art populaire, l'inverse est aussi vrai. Bien qu'il puisse sembler à première vue inutile voire prétentieux de chercher à connecter la Bande Dessinée à l'art classique, cet exercice est en fait primordial. En ouvrant les références et en agrandissant le bagage culturel commun, on n'enferme pas le lecteur et le récit uniquement dans une culture de niche. On inscrit l'histoire dans une continuité artistique en lui donnant des lettres de noblesse. La sous-culture devient, elle aussi, culture.

Quelques exemples de pochettes d'album devenues iconiques 

Au fil des ans, de nombreux dessinateurs et scénaristes talentueux se sont succédés. Si l'histoire a permis à des épisodes de devenir marquants, c'est aussi et surtout par ce que le propos a été soutenu graphiquement.
La mise en scène, toujours dynamique avec des lignes de force très marquées, invite le spectateur à se plonger dans le récit. Preuve en est la jaquette "Silver Surfer #004" où l'on perçoit directement l'intensité de la bataille qui se prépare. Le surfeur d'argent est écrasé par la vitesse là où Thor s'apprête à asséner un coup puissant. Le combat sera brutal et intense.

Quelques exemples d'auto-référence dans les comics

Le processus d'iconisation est un phénomène complexe. Même si l'accueil du spectateur est un indicateur fiable, il ne suffit pas à rendre culte un récit. Celui-ci peut avoir été fortement apprécié sans avoir marqué une génération de lecteurs. Ce sont les auteurs qui ont su bouleverser les codes de leur époque qui ont marqué le plus les esprits.

En témoigne la mort de Jean Grey dans "Uncanny X-Men 136" qui a réellement traumatisé les spectateurs de l'époque. L'idée qu'une super-héroïne vienne à mourir était alors inconcevable. Le scénariste de l'histoire, Chris Claremont, reçu même quelques menaces de mort. Pareillement, les apports graphiques et scénaristiques plus sombres de Todd McFarlane dans "Spider-Man [1990] #001" ont changé la physiologie de la série avec la présence de thématiques plus adultes. Pour ces deux auteurs comme pour d'autres, il y a eu un avant et un après leur passage.


La vente de Comics en 2020 (Amérique du Nord)

1,18

Milliards de $ de recette

40,9

Pourcentage de parts de marché détenu par Marvel

28,6

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